100 ans du vaccin anti-tuberculose BCG

Le premier Juillet 1921 était le jour de la première administration du vaccin anti-tuberculose BCG (pour Bacille bilié de Calmette et Guérin) à un être humain. Un bébé né dans une famille souffrant de tuberculose recevait le vaccin par voie orale et ne développait pas la maladie. De larges essais cliniques ont suivi et ont montré une efficacité de plus de 90% contre la forme mortelle de la tuberculose chez les nouveau-nés. Le vaccin a ensuite été envoyé dans le monde entier. Il est aujourd’hui le vaccin le plus utilisé au monde et le plus vieux vaccin toujours en usage.

Puisque le BCG a été développé à l’Institut Pasteur de Lille par son premier Directeur Général, le Professeur Albert Calmette, ensemble avec son collègue Camille Guérin, le Centre d’Infection et Immunité de Lille et l’Institut Pasteur de Lille ont décidé de célébrer cet événement important sous forme d’un symposium international, qui a eu lieu du 17 au 19 Novembre 2021. Ce symposium a réuni près de 200 participants des 5 continents, dont environ 3/4 à distance.

Bien que centenaire, le BCG cache encore de nombreux secrets qui restent à révéler. Initialement développé comme vaccin contre la tuberculose, il est apparu rapidement que ce vaccin pouvait avoir des effets non-spécifiques intéressants. Peu de temps après son implémentation, la mortalité de toute cause diminuait chez les enfants vaccinés par rapport aux non-vaccinés et cette diminution ne pouvait pas être attribuée uniquement à une protection contre la tuberculose. Il a été rapidement montré que le pouvoir protecteur du BCG s’étend au sepsis et aux infections respiratoires autres que celles causées par les mycobactéries, potentiellement incluant le COVID-19. Par ailleurs le BCG semble aussi augmenter les réponses immunitaires induites par d’autres vaccins. Dans les années 1980 il apparaissait qu’un traitement avec le BCG du cancer superficiel de la vessie diminuait substantiellement la probabilité de rechute. Plus récemment, un effet protecteur du BCG a également été décrit contre des maladies auto-immunes, telles que la sclérose en plaque et le diabète de type 1, ainsi que contre des maladies inflammatoires, telles que les allergies, voire même la maladie d’Alzheimer. Ces effets non-spécifiques sont probablement liés à la capacité du BCG d’enclencher l’immunité innée entrainée.

Malgré tout, le BCG n’est pas parfait et plusieurs axes de recherche visent à l’améliorer, soit par modification génétique, ou en créant une nouvelle version de BCG, basée sur l’atténuation génétique du bacille de la tuberculose humaine. Ces modifications pourraient éventuellement aussi augmenter les effets non-spécifiques. Des voies alternatives d’administration du BCG sont également explorées, ainsi que plusieurs stratégies de re-vaccination.

Ces sujets, et d’autres encore, ont été discutés pendant le symposium par des experts de niveau international dans leur domaine respectif. Le symposium terminait par un exposé éclairant du Professeur Stanley Plotkin, qui mettait le vaccin BCG dans la perspective de la vaccinologie du futur.

Alors que le progrès qui a été fait ces dernières décennies soit énorme, nous n’avons pas encore une compréhension complète des mécanises immunitaires induits par le BCG et il est très probable que le potentiel du BCG n’a pas encore été complètement exploré. Pour ces raisons, ce vaccin centenaire attire toujours l’intérêt des scientifiques et des médecins et de nouveaux développements excitants concernant la biologie du BCG vont certainement encore émerger dans les décennies à venir.

Camille LOCHT
camille.locht@pasteur-lille.fr

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