La résistance aux antibiotiques et de manière plus générale, la lutte contre les infections bactériennes, est une thématique centrale et transversale en bactériologie. Cette année le congrès Microbes 2022 a mis l’accent sur le développement de nouveaux antibiotiques et de nouvelles stratégies alternatives avec trois sessions dédiées à ces questions :
- Lutte contre l’antibiorésistance : Stratégies innovantes de criblage et nouvelles molécules
- Alternatives aux antimicrobiens conventionnels
- Antibactériens, antiviraux : nouvelles cibles, nouveaux inhibiteurs
Martin Picard (Institut de biologie physico-chimique [IBPC], Paris) a par exemple décrit un crible sophistiqué basé sur la reconstitution du fonctionnement de la pompe d’efflux MexAB de Pseudomonas aeruginosa entre deux vésicules pour la recherche d’inhibiteurs de ces pompes. Au cours de la session « Epigenetics, RNA & infection », Paola Arimondo (Institut Pasteur, Paris) a décrit la synthèse de molécules altérant les modifications épigénétiques comme moyen de lutte contre les infections en ciblant l’interaction hôte-pathogène. L’utilisation des phages comme stratégie alternative a également été à l’honneur. Camille Kolenda (Hospices Civils de Lyon, Lyon) a montré comment la compréhension de l’interaction phage-bactérie in vivo est utile pour optimiser la phagothérapie et contrer/prévenir l’apparition de bactéries résistantes au phage. Lors de sa conférence plénière Graham F. Hatfull (University of Pittsburgh, USA) a, lui, décrit une collection de 10 000 phages isolés par des étudiants qui sont aujourd’hui évalués afin de sélectionner les plus actifs pour être produits et utilisés pour traiter les infections à Mycobacterium abscessus résistant aux antibiotiques chez des patients atteints de mucoviscidose.
Une quatrième session parallèle proposée par la section ”Agents antimicrobiens”, consacré à la « Diffusion de la résistance » a abordé les mécanismes de transmission des souches et des gènes de résistance et sa modélisation avec notamment une intervention d’Olivier Cotto (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement [INRAE], Montpellier) présentant une modélisation de la transmission d’Escherichia coli productrices de bêta-lactamases à spectre élargi (BLSE) basée sur une large cohorte pédiatrique avec des souches récoltées de 2010 à 2020. Les résultats montrent la nécessité d’une capacité importante de ces souches à être transmises pour expliquer leur maintien dans cette population de patients.
Finalement, 12 présentations dans 8 autres sections témoignaient de la transversalité de ce sujet.